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Le cacao ivoirien engagé dans une transition écologique : Comment le projet PROMIRE allie production et conservation

| Thu, 08 Aug, 2024 · 14 min read

Depuis 2022, le projet PROMIRE (Promouvoir une Production de Cacao sans Déforestation pour Réduire les Émissions) permet à la Côte d’Ivoire de contribuer à la lutte contre la déforestation et la dégradation des forêts.

 

Le projet vise à la fois l’appui au pays pour finaliser le développement et l’opérationnalisation des outils de la REDD+ et à mettre en œuvre d’actions directes au niveau juridictionnel pour réduire les impacts de la production de cacao sur la forêt, sur trois régions : La Mé, Agneby Tiassa, et Sud-Comoé. La production de cacao en Côte d’Ivoire est primordiale pour des raisons à la fois économiques, sociales et environnementales. Économiquement, la Côte d’Ivoire est le premier exportateur mondial de cacao. La filière emploie presque le quart de la population. Mais l’expansion des plantations de cacao est considérée comme un des principaux moteurs de déforestation et de la perte de biodiversité. 

À travers son approche holistique, des activités de planification territoriale, de renforcement de capacités, notamment les thématiques liées à l’agriculture zéro déforestation, la gestion coopérative et associative (les femmes), les bonnes pratiques agricoles sont mises en œuvre en parallèle. Le projet appuie également la sécurisation du foncier en plus des actions menées pour améliorer la qualité des plantations de cacao principalement et de restauration de zones dégradées. En plus, le projet appuie la finalisation et l’opérationnalisation des outils nécessaires à la mise en œuvre de la REDD+, initiés et en complément de l’assistance octroyée par le Programme ONU-REDD en Côte d’Ivoire. 

Plusieurs résultats ont été obtenus à ce jour par le projet. 

 

Agroforesterie : vers une approche intégrée 


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© FAO/ Dominique Kei  Une parcelle d’agroforesterie à base de cacao 

 

L'agroforesterie est une solution reconnue pour concilier production agricole et conservation des forêts. PROMIRE l’a adoptée en intégrant des arbres au sein des plantations de cacao. Cette pratique favorise la biodiversité, améliore la fertilité des sols et offre des sources de revenus complémentaires pour les agriculteurs. Le projet a converti 1394 hectares de parcelles de cacao conventionnel existantes en systèmes agroforestiers jusqu’en 2023, au bénéfice de 598 producteurs dont 84 femmes. Certaines parcelles ont également été entretenues à travers des opérations de taille, d’égourmandage et d’élagage.

Les bénéficiaires ont reçu des formations en matière d’agroforesterie, de bonnes pratiques agricoles notamment la taille, l’élagage, le paillage, la récolte sanitaire. Ils ont aussi été sensibilisés aux questions de genre et à la problématique du travail des enfants.  Ils ont également reçu des kits d’équipements agricoles qui leur permettent de réaliser certains travaux mécaniques agricoles.

Économiquement, en plus des revenus issus de la vente de cacao, les essences introduites dont les essences fruitières, permettent aux producteurs d'avoir des revenus additionnels. Par exemple, le Kplé (Irvingia gabonensis), couramment utilisé comme espèce d'arbre fruitier local et ayant un haut degré de compatibilité avec le cacao présente des opportunités commerciales (les graines se vendent entre 2-5 USD / kg) sur les marchés locaux. Il en est de même pour le Petit Cola (Garcinia kola) et l'Akpi (Ricinodendron heudelotii). 

Sur le plan social, l’introduction de la banane plantain, par exemple améliore la disponibilité alimentaire. La récolte des produits issus des essences fruitières forestières (akpi, kplé) et agricoles (orange, avocat, etc.) a également un impact favorable sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages.

 

Restauration forestière : Un engagement en faveur de la nature


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© FAO/Dominique Kei Une parcelle de zone dégradée restaurée de 2 ans 

La restauration des parcelles dégradées se fait à travers plusieurs techniques dont l’enrichissement, la régénération naturelle assistée ou même la reforestation. 

La méthode taungya est particulièrement appréciée des communautés locales : elle consiste à associer les espèces forestières à diverses cultures agricoles au cours des premières années de plantation et vise ainsi plusieurs objectifs. 

Ces efforts ont permis la restauration et l'entretien de 317 hectares de parcelles dégradées dans les 3 régions, avec la participation de 60 bénéficiaires dont 18 femmes.

Sécurisation foncière rurale : Élément clé de la durabilité


Un partenariat avec le projet d’amélioration et de mise en œuvre de la politique foncière rurale de Côte d’Ivoire (PAMOFOR) de l’Agence Foncière Rurale (AFOR) a été établi par le projet afin d’appuyer les producteurs locaux à sécuriser leurs terres. Une sensibilisation sur l’importance de la sécurisation du foncier a été menée dans la région de La Mé auprès de 559 producteurs. Le projet a un objectif ambitieux malgré les difficultés rencontrées sur le terrain, avec 80% des bénéficiaires obtenant la certification foncière.


« Dans notre région, les questions de propriété foncière sont complexes et souvent sujettes à des conflits. J’ai moi-même été protagoniste d’un conflit foncier, c’est d’ailleurs pour remédier à cela que j’ai décidé de faire du reboisement sur ma parcelle. »

-Kacou Grégoire  |  propriétaire d’une parcelle de 1,5 hectare de restauration forestière à Biéby dans la région de La Mé.


« Aussi, la somme à payer pour acquérir ce document était très élevée et inaccessible pour moi. Mais grâce au projet PROMIRE, dont je suis bénéficiaire, je peux me procurer gratuitement mon certificat foncier. Cette campagne de sensibilisation est donc la bienvenue » a expliqué Kacou Grégoire, propriétaire d’une parcelle de 1,5 hectare de restauration forestière à Biéby dans la région de La Mé.  

Selon le Colonel Assamoi Jonas, coordonnateur national du projet : « Au-delà de la sensibilisation des communautés à la sécurisation foncière, nous visons la réduction de l’accès incontrôlé aux terres et la promotion des investissements à long terme par le truchement du secteur privé pour des activités telles que la restauration forestière et l’agroforesterie. Nous voulons, au terme de ces sensibilisations, voir la majorité des bénéficiaires obtenir leurs certificats fonciers ». 

 

Vers un avenir durable pour l'industrie cacaoyère ivoirienne


Le projet PROMIRE représente un engagement concret en faveur de la durabilité environnementale et sociale en apportant un appui technique aux acteurs gouvernementaux, aux entreprises privées et aux communautés locales en Côte d'Ivoire. En restaurant les forêts, en promouvant l'agroforesterie et en sécurisant les droits fonciers des agriculteurs, PROMIRE incarne une vision ambitieuse en vue d’une production de cacao plus durable et équitable en Côte d’Ivoire, assurant ainsi un avenir meilleur pour les générations futures. Cette vision découle et est parfaitement aligné avec le contenu et les objectifs de la stratégie nationale REDD+ et de son cadre national d’investissement dont les élaborations et le lancement de la mise en œuvre ont bénéficié de l’assistance technique du Programme ONU-REDD.  

PROMIRE est exécuté conjointement par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le ministère de l’Environnement et du Développement Durable et de la Transition Ecologique (MINEDDTE), et financé par le Fonds vert pour le climat (GCF)

 

Pour en savoir plus :


  1. Bénéficiaire du projet PROMIRE, N’Guessan Amlan Monique reprend espoir grâce à l’agroforesterie
  2. Autonomisation économique : le Projet Promire appuie une coopérative agricole dans la région de la Mé
  3. Production de Cacao sans déforestation : Lancement de la mise en œuvre de la composante 1 du projet PROMIRE